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Vos Questions

[Vos questions] Qu’est-ce que l’attachement sécure ?

Votre blog est intéressant, c’est bien de parler des styles d’attachement insécures à l’âge adulte. Mais pouvez-vous écrire sur l’attachement sécure ? Comment y accéder et comment savoir que nous sommes dans cet attachement ?

Si une personne est sécure et a des capacités relationnelles pour communiquer, peut-elle se fermer ou plonger dans l’insécurité face à des personnes insécures ?

Katia*

Superbe question de Katia ! Elle me permet de revenir sur quelques petits malentendus que j’entends souvent au sujet de la sécurité d’attachement. Et il est vraiment important d’avoir quelques points de repère qui nous guident dans la bonne direction. En effet, le contexte dans lequel on se construit façonne notre vision du monde et cette perception devient « notre réalité ». Il peut alors être difficile de trouver des repères fiables pour aller vers du mieux-être.

Quelques idées reçues :

  • Se sentir suffisamment « sécure » ne peut pas être un argument pour contraindre l’autre à s’améliorer… « Je suis sécure, donc j’ai raison, donc soigne toi »…. Non ce n’est pas de la sécurité d’attachement, c’est de la manipulation teintée d’une difficulté à prendre sa responsabilité.
  • Se décrire comme super fort et de savoir gérer sans se plaindre non plus, ce n’est pas de la sécurité.
  • Il ne s’agit pas non plus de la capacité à dire des choses émotionnelles, en soi…

Mais alors de quoi s’agit-il ?

C’est plutôt une solidité suffisante permettant de se sentir vulnérable tout en étant compétent dans certains domaines. Mais nous allons étoffer tout cela.

Pour rappel, l’attachement sécure c’est un peu l’idéal vers lequel on voudrait tous tendre. En effet, c’est celui dans lequel il y a le moins d’angoisse, ce qui favorise le développement :

  • de notre créativité
  • des liens plus sereins avec soi-même
  • et avec les autres.

Je reviens sur cette représentation proposée par le Cercle de Sécurité. Il représente la construction de l’attachement sécure comme un mouvement relationnel fluide qui permet à l’enfant :

  • de s’éloigner pour explorer le monde, à la mesure de ce qui est cohérent selon son niveau de développement ;
  • et se revenir vers sa figure d’attachement pour se reconnecter à sa base de sécurité (pour être consolé, protégé ou émerveiller)

Ce mouvement étant tout ce qu’il y a de plus simple. Le besoin rencontre une réponse satisfaisante la plupart du temps, sans que cela ne soit parasité outre mesure par les problématiques du parent. Et c’est en soi un contexte particulièrement propice à la construction d’une sécurité intérieure suffisante, qui persiste à l’âge adulte. C’est ce que nous allons voir dans la section suivante.

10 signes de sécurité d’attachement

  1. Être en capacité de demander de l’aide. Quand on s’est construit dans un contexte où il fallait être indépendant très tôt ou au contraire qu’il fallait exagérer ses demandes, le rapport que l’on entretient à l’aide est teinté de « risques ». Une personne suffisamment sécure peut naturellement et facilement demander de l’aide, de façon appropriée, tout en pouvant s’appuyer ses ses capacités lorsque c’est possible.
  2. Respecter les tours de parole. S’intéresser à ce que dit son interlocuteur tout en se sentant légitime à prendre la parole à son tour est aussi un signe de sécurité – plutôt que d’occuper tout l’espace de parole ou rester trop dans le silence. Parfois, ces tours de parole ne sont pas respectés à 50/50 car l’un.e des participant.e.s à l’échange vit quelque chose d’intense et bien sûr cela fait partie de la vie. Accueillir l’expérience de l’autre en étant présent.e à sa parole – sans vigilance du moment où l’on va ENFIN pouvoir reprendre la parole – c’est sécure !
  3. Avoir une bonne régulation émotionnelle. Cela veut dire que l’on peut ressentir des émotions désagréables mais qu’elle ne sont pas envahissantes, on arrive à revenir assez facilement dans notre fenêtre de tolérance. Et là aussi il y a un malentendu, être sécure ne signifie pas ne rien ressentir de désagréable, pas du tout ! C’est même l’inverse, on ressent du désagréable (tristesse, frustration, colère, stress quand c’est adapté…) mais cela reste transitoire.
  4. Se réjouir sincèrement pour autrui. Lorsque les réussites ou les joies de nos proches sont perçues pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire de beaux moments d’accomplissement et que l’on partage ce bonheur, c’est un signe de sécurité. Il n’y a pas de place ici pour l’auto-évalutation en négatif ou la jalousie, voire le ressentiment.
  5. Savoir se protéger et protéger ses enfants. C’est une aptitude qui sous-tend que l’on a une représentation interne assez claire et construite de ce qui est « acceptable » de ce qui ne l’est pas. Et que même si c’est inconfortable voire effrayant dans certaines situations, on sait ce qu’il est adéquat de rétablir ou comment il faut agir pour protéger son enfant. Cela implique aussi de savoir faire la part des choses et de ne pas mélanger le vécu de son enfant avec sa propre histoire non résolue.
  6. Avoir de l’empathie. Il s’agit d’une habileté sociale essentielle aux relations puisque l’empathie permet de rejoindre l’autre dans son expérience. Elle nous fait ressentir le vécu d’autrui mais avec une particularité propre à l’attachement sécure, qui est l’absence d’envahissement de cette émotion. Il n’y a pas cette notion de fusion et de perte de contact avec soi-même face à la souffrance dont on est témoin.
  7. Supporter la critique. Prétendre que l’on sait, qu’on est expert qu’on n’a pas besoin de recevoir un regard sur soi, ce n’est pas un signe de sécurité ! Lorsqu’on a emmagasiné suffisamment de « bonnes choses » (empathie, émerveillement, autonomie, exploration etc.) on a plutôt confiance en soi et dans les autres. Ici la confiance en soi se relie au fait de se sentir fondamentalement une bonne personne. De ce fait, la critique ou les reproches sont plutôt des opportunités pour évoluer ou pour prendre soin d’une relation lorsqu’on a blessé quelqu’un. La critique n’est pas interprétée comme « Je suis mauvais.e » ce qui ouvre à l’explication ou la réparation.
  8. Pouvoir se disputer sans drame. Ce n’est pas que le conflit soit agréable en soi, loin de là, mais ce n’est pas pour autant la fin du monde. Il est abordé avec suffisamment de solidité et de sentiment de légitimité. La sécurité interne permet de considérer que ses besoins ou son point de vue sont valables et méritent d’être défendus. Dans une relation proche, cela s’équilibre en laissant l’autre avoir le droit de s’exprimer également !
  9. Ne pas prendre l’émotion d’autrui personnellement. En cas de stress, les styles d’attachement insécures sont marqués par l’interprétation négative des émotions des autres, en lien avec soi. Par exemple, face à la colère d’une personne, on peut se sentir angoissé.e et chercher à apaiser cette colère. Un signe de sécurité au contraire s’observe dans la capacité à faire la part des choses et permet de voir la colère de l’autre pour ce qu’elle est, reliée à l’histoire de cette personne, à la situation à laquelle elle fait face, à son sentiment d’injustice à elle, sans se sentir pris émotionnellement.
  10. Bon équilibre entre l’autonomie et l’interdépendance. Finalement c’est une façon de résumer l’ensemble de ces points – non exhaustifs ! – dans la faculté d’être avec l’autre, jusqu’à entretenir des connexions durables et intimes dans le temps. Comme le dit Dan Siegel dans cette conférence géniale, la santé repose sur la capacité d’être soi-même (un individu séparé), tout en étant relié (connexion). Et il dit, ce n’est pas comme un smoothie où on serait mixé avec l’autre dans un blender et par conséquent indifférenciés : « dans le lien, on ne perd pas la différentiation ». On est ensemble, tout en étant différents.

Styles d’attachement… ou « état d’esprit » d’attachement

Cette notion d’état d’esprit d’attachement est souvent mise en avant, entre autres, par les créatrices du podcast « Therapist Uncensored » et cette nuance met le doigt sur la fluidité de ce qui se passe dans la relation à soi et aux autres. Bien que l’on puisse être fortement identifié.e à un style d’attachement, n’oublions pas que les insécurités sont toujours liées à la sensibilité à certains signaux de stress. Ainsi, je vous invite à penser les 10 signes de l’attachement sécure ci-dessus comme des états d’esprit que vous pouvez expérimenter « à certains moments » et avec « certaines personnes ». En d’autres termes, cette sécurité est peut-être peu visible, elle n’en demeure pas moins présente en chacun de nous.

Pour conclure

Donc, si je reprends la seconde portion de votre question, la sécurité d’attachement permet de ressentir la souffrance de l’autre mais elle protège. Elle protège de l’effondrement, de l’envahissement des émotions négatives au sein des relations interpersonnelles. Elle n’empêche pas de souffrir face aux difficultés de la vie ! Mais elle permet de guérir après un drame ou de revenir plus facilement dans sa fenêtre de tolérance.

Pour s’en approcher et intégrer cette sécurité, il est préférable de s’entourer de personnes qui souhaitent également faire un travail en ce sens car cela s’acquiert en relation. En effet, lire sur le sujet est très formateur et intéressant mais cela ne guérit pas l’attachement, on ne soigne ses insécurités qu’avec d’autres personnes bien intentionnées et elles-mêmes suffisamment sécures. En cela, l’accompagnement en thérapie peut s’avérer nécessaire.

Et vous lecteurs & lectrices, pensez-vous à d’autres signes de sécurité ? N’hésitez pas à les partager.

J’espère que cela vous aide !

*prénom modifié

Laetitia Bluteau 2024 | laetitiabluteau.fr

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[Vos questions] De nous deux, qui est l’anxieux, qui est l’évitant ?


Je viens de rompre avec un monsieur avec qui on a passé 2 ans à faire des allers et retours et c’était toujours lui qui partait.
Le problème c’est qu’il me reproche de n’être pas centrée sur lui, que je ne sois pas assez affectueuse que je ne lui accorde pas beaucoup de temps et qu’il a besoin d’être nourri. Et moi je me sens ambivalente et donc je n’arrive pas à donner autant que je peux. Il se sent rejeté et il s’en va et ensuite c’est une grande souffrance pour moi d’être abandonnée.
Donc mes questions : D’où me vient cette insatisfaction sachant que je tiens à lui ? Et aussi : Qui est l’anxieux et qui est l’évitant ?
Et comment guérir?

Sabrina

Qui de nous deux ?

Merci Sabrina* pour ces questions, en particulier celle portant sur « Qui est l’anxieux et qui est l’évitant ? »

J’ai choisi d’illustrer ce thème avec l’image d’une goutte qui se reflète dans son eau : car ce que je voudrais pointer au travers de cette question, c’est qu’un style d’attachement c’est un état plus qu’une catégorie fixe. Que l’on n’EST pas l’anxieux ou l’évitant, mais que l’on RESSENT de l’anxiété ou une nécessité de mise à distance. Ce sont des réponses – des stratégies relationnelles – qui sont défensives au sens où elles sont consécutives à un stress.

Parfois on est très polarisé d’un côté et on se balade de relation en relation en ayant le même type de « réponse », on est donc davantage identifié à un style d’attachement spécifique. D’autres fois cette « réponse » varie en fonction du style de partenaire avec lequel on tisse le lien et l’on va se sentir tantôt évitant tantôt anxieux :

  • en fonction de la relation
  • ou au sein d’une même relation.

Pour comprendre ces variations, pensez d’abord aux relations dans lesquelles vous vous sentez bien : vous êtes alors au meilleur de vous-même. Vous vous sentez calme, vous pouvez réfléchir avec fluidité, l’humour est accessible et vous avez accès à la curiosité et à la collaboration.

Mais… la relation de couple peut éloigner de cette sécurité

Si on a une vulnérabilité nous faisant souvent douter de l’autre ou bien que l’on se sent facilement envahi, il y a de fortes chances que cet état de sécurité que je viens de décrire se manifeste plutôt dans des relations que j’appelle « périphériques » : des amitiés, des relations de voisinage ou de travail qui n’engagent pas de sentiment de responsabilité quant au fait de se satisfaire mutuellement sur le plan émotionnel.

Car oui, si le couple peut se rêver comme un havre de paix idéal, dans la réalité il a plutôt tendance à avoir un effet de loupe, qui va augmenter les insécurités relationnelles.

Donc à la question « Qui est l’un, Qui est l’autre », la réponse se situe plutôt dans les états dans lesquels vous vous sentez être à tour de rôle : vous ressentez tous les deux la même chose, mais dans un mouvement de bascule. Vous vous souvenez de ces jeux au parc ?

Un tango sans se toucher

Et au final, ce qui peut être commun à toutes les relations vécues, c’est la difficulté d’avoir accès à de la proximité, à de l’intimité émotionnelle, de pouvoir se sentir vulnérable l’un avec l’autre. La relation devient comme un tango qui se danserait à distance, sans se toucher.

Bien sûr à la longue c’est insatisfaisant, même lorsqu’il y a des sentiments ! Puisqu’à force de répéter des situations où chacun met ses besoins au premier plan, les comportements ont souvent tendance à devenir de plus en plus défensifs et donc à installer de la frustration, de la rancœur et de la distance.

Comment guérir ?

La bonne nouvelle en effet c’est que cela se travaille : le système d’attachement a beau être stable dans le temps si l’on n’y fait rien, il est en revanche tout à fait souple aux réorganisations. Face à des oscillations importantes, il est utile de travailler avec un thérapeute qui comprendra le fonctionnement sous-jacent de ces mouvements de « recherche de proximité / mise à distance ».

Ce que je vous recommande également c’est de travailler à la surface, dans votre vie quotidienne, pour mieux vous connaître :

  • vous auto-observer dans vos relations périphériques : qu’est-ce qui vous amène plutôt sur l’un des deux pôles ? Quels types de commentaire, style de relations, situations vous dévient du sentiment de sécurité ?
  • noter à quels types de stress êtes-vous sensible dans vos relations proches ?
  • vous habituer à nommer ce dont vous avez besoin, ce qui vous sécurise, vous apaise
  • réfléchir à ce qui vous amène à cette ambivalence : s’il y a une part de vous qui résiste à donner plus, de quoi cherche-t-elle à vous protéger ?
  • développer de la compassion pour vous même en comprenant que ces stratégies relationnelles, même si elles vous paraissent parfois incompréhensibles, reflètent une part de votre histoire : elles ont été utiles à une époque de votre vie.

Vous trouverez d’autres idées à cette page.

Bonne continuation à vous !

*prénom modifié

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Styles d’attachement « organisés » et « désorganisé »

Lorsqu’on observe la sécurité d’attachement en action dans une relation parent/enfant, c’est tout ce qu’il y a de plus simple, direct, organisé (dans le sens de cohérent, compréhensible) :

▶ l’enfant a un besoin d’attention, de réconfort ou de partage, il se dirige vers son parent, son parent le rejoint dans son vécu (le console, l’écoute ou s’émerveille avec lui). La solidité de cette base de sécurité lui permet de retourner en exploration. C’est fluide, prévisible et stable !

On distingue ensuite les attachements insécures « organisés » de l’attachement « désorganisé » :

▶ dans les premiers, l’enfant SAIT comment faire fonctionner la relation pour obtenir suffisamment de sécurité. Soit il éteint son signal (évitant) soit il l’augmente (anxieux/ambivalent). Ce n’est donc pas idéal, l’enfant doit réprimer une partie de ses besoins, mais c’est suffisamment organisé et donc prévisible.

▶ dans le second, l’enfant ne COMPREND PAS, il n’arrive pas à faire sens de la relation qui présente des aspects contradictoires, de l’impuissance et de la peur. Il grandit avec la difficulté plus marquée de mettre en place une stratégie efficiente en situation de stress.

Représentation graphique inspirée des travaux de Bert POWELL https://www.guilford.com/author/Bert-Powell

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Les styles d’attachement ne sont pas des personnalités

Les styles d’attachement ne sont PAS des personnalités, ils ne catégorisent pas qui nous sommes ni ne sont des étiquettes servant à manipuler les autres.

Ils donnent à voir un mode de protection qui a été très utile au début de la vie, et qui continue de s’exprimer sur le même mode, même si la vie est différente aujourd’hui – et que fondamentalement, les stratégies d’adaptation d’autrefois ne sont plus nécessaires.

Créer des catégories… c’est forcément réducteur ! Mais nous sommes ainsi faits, notre cerveau a besoin de compartimenter pour se repérer et comprendre un sujet. D’ailleurs, tout le monde ne se reconnaîtra pas dans un style d’attachement, mais il y a de fortes chances que des tendances vers l’autonomie ou la dépendance vous disent quelque chose, ainsi par exemple que votre réaction face au stress.

Repérer ces tendance ou ces traits massifs et les reconnaître comme ayant eu une fonction vitale, sont les premiers pas amenant à plus de conscience de soi et du potentiel d’évolution qui réside en chacun ✨

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[Vos questions] Mon amie me fait mille reproches, comment la rassurer ?

Bonjour, Je me permets de vous contacter parce qu’à la suite d’un conflit avec une amie, j’ai trouvé votre site. Merci tout d’abord pour les ressources que vous proposez. Ma question concerne l’attachement anxieux : comment se comporter avec une personne à l’attachement anxieux pour la rassurer ? Je ressens de plus en plus d’épuisement face à ses reproches, j’ai l’impression de ne jamais lui donner assez. Je souhaite à la fois lui apporter du réconfort et poser des limites car je vis mal cette sorte de chantage permanent. Cet équilibre est-il possible ? Merci beaucoup à vous !

CAROLINE

Caroline* m’a contactée pour me demander comment rassurer son amie, qui semble mettre en échec toutes ses tentatives de recherche d’apaisement ou de solutions.

Le premier élément qui m’interpelle concerne ce chantage que vous évoquez : s’il y a chantage c’est qu’un y a comme une négociation, c’est-à-dire que vous sentez que vous devez répondre aux attentes de votre amie, en échange de quelque chose. Et que si vous ne vous pliez pas à cette règle, vous en serez privée.

Je fais l’hypothèse que ce quelque chose que vous recevez en échange de sa réassurance, c’est peut-être son amitié. Comme si, par ses reproches récurrents, elle mettait à l’épreuve votre volonté de tout faire pour maintenir le lien avec elle.

Si c’est une hypothèse qui vous paraît plausible, ma proposition serait d’explorer ce que vous ressentez lorsque votre amie vous fait des reproches. Prenez le temps d’observer vos émotions : Est-ce de la peur, de la panique ? Et ressentez-vous également de la colère, de constater que vos efforts n’aboutissent pas à beaucoup de résultats ?

Allons maintenant un peu plus loin : si ces émotions sont en effet présentes, les ressentez-vous comme envahissantes ? Est-ce qu’elles ont tendance à rester en vous au point qu’il serait difficile de penser pleinement à autre chose, que cela créé comme des pensées parasites ?

Si vous sentez que globalement cette situation vous affecte dans ces proportions, c’est probablement que vous revivez au moins trois sensations familières à travers cette relation :

  1. Les reproches de votre amie viennent réveiller des croyances négatives que vous avez sur vous-même, croyances qui sont présentes en vous depuis longtemps.
  2. Ces croyances négatives sont très liées à la peur de vous retrouver seule.
  3. Ces croyances sont si douloureuses qu’une force vous pousse à les faire baisser d’intensité en trouvant une solution pour votre amie. Son apaisement vous apaise car il vous éloigne du risque de vous retrouver seule.

Si je vous amène à réfléchir sur ces points, c’est que c’est là le fond de la problématique que vous rencontrez : les exigences de votre amie viennent rencontrer votre histoire. Tant que vous restez dans une relation, vous êtes coresponsables du type de liens qui vous unissent. A quel point par exemple, sentez-vous que vos besoins sont mis de côté dans ces situations de conflit ? Et si vous écoutez votre boussole interne, liée à vos besoins profonds, dans quelle direction avez-vous profondément envie d’aller ?

Et j’entends aussi qu’une sorte d’usure s’est installée… A la question : “un équilibre est-il possible ?” ma réponse est oui, à la condition 1) que vous vous détachiez de toute forme d’injonction 2) que vous compreniez d’où vient cette propension que vous avez peut-être à “sauver” l’autre 3) et que vous acceptiez toutes les deux que l’intensité de votre relation va diminuer.

En revanche, il ne serait à mon sens pas vraiment constructif de vous diriger vers la recherche de “ce qu’il faudrait faire pour bien la rassurer” car cela ne ferait que vous maintenir dans ce schéma relationnel.

Pour aller plus loin, il est utile de lire sur L’attachement anxieux et la codépendance.

*Prénom modifié

2022 – laetitiabluteau.fr

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[Vos questions] Moi anxieuse, lui évitant : que dois-je faire ?

Je suis dans une relation “moi anxieuse / lui évitant” avec des va-et-vient incessants, et puis j’ai dit stop car après une intimité grande, je reçois de la distance en retour, c’est souvent a moi de revenir comme si tout était normal, c’est souffrant pour moi. Quelles stratégies dois-je adopter ? Essayer d’en parler avec lui, jeter l’éponge et l’ignorer, apprendre à être sécure et progressivement amener l’autre à l’être aussi… si cela est possible quel support pourrait m’aider ?
Merci pour votre réponse.

ESTELLE

C’est la question d’une lectrice, Estelle*, qui soulève toute la complexité d’une relation mettant en scène deux personnes ayant des besoins relationnels différents.

Pour l’un, le couple est en grande partie un synonyme de perte de liberté – les attentes de la partenaire vont avoir un effet oppressant, il va se sentir étouffé, envahi… et pour échapper à cette sensation de piège qui se referme sur lui, il va avoir besoin d’agrandir l’espace l’éloignant de sa partenaire. Ce sentiment est encore plus fort après un moment d’intimité où cette fameuse distance a rétréci. Il lui est donc nécessaire de se recentrer sur lui-même et de ressentir de nouveau qu’il contrôle sa vie, qu’il peut enfin fonctionner en “circuit fermé” sans perturbation extérieure.

Et pour l’autre, pour vous Estelle, l’expérience est tout à fait différente puisqu’au contraire, la recherche de proximité, voire peut-être même de fusion avec votre partenaire, se heurte à un refus. Et en effet, c’est très douloureux, surtout que le cycle se répète, parfois même de façon tout à fait prévisible.

Un aspect qui me semble très intéressant dans la formulation votre question, c’est que vous semblez rechercher des outils pour vous aider à “arranger” ce qui dysfonctionne et même à aider votre partenaire à changer. Cela m’amène à vous orienter vers une première réflexion : avez-vous tendance à vous sentir l’unique responsable de ce qui ne va pas dans une relation et/ou la seule à pouvoir y faire quelque chose ? Si oui, serait-il possible que cette tendance remonte à loin dans votre histoire ? Il faut faire très attention avec ce genre de mouvement qui voudrait vous faire résoudre les problèmes pour l’autre et non pas avec l’autre, car cela risque de faire remonter des sensations d’impuissance de l’enfance, d’avoir été trop seule à résoudre des difficultés dépassant les capacités d’un enfant. Et puis outre ces considérations sur les expériences précoces, ça n’aide tout simplement pas à faire avancer la relation. Il ne s’agit-là bien sûr que de simples hypothèses.

Et puis, il est à mon sens essentiel que vous puissiez faire sens de votre attirance pour quelqu’un avec qui le lien apporte aussi une souffrance d’abandon. Une façon d’y voir plus clair est de tracer un grand cercle sur une feuille et de noter à l’intérieur dix à vingt qualificatifs qui vous viennent au sujet de vos donneurs de soins quand vous étiez petite (la ou les personnes qui vous ont élevée) notamment en vous remémorant leur attitude à votre égard : gentil, colérique, conflictuel, doux, impatient, triste, joyeux, imprévisible, préoccupé, distant, disponible, indisponible, drôle, inquiet etc. Une fois que vous êtes satisfaite de votre liste, entourez les adjectifs qui correspondent aussi à votre conjoint. Peut-être y verrez-vous alors des correspondances sur la façon dont votre histoire a influencé vos attentes au sein du couple. Je vous renvoie à cet article pour explorer ce sujet.

Et j’en reviens à votre question initiale : comment faire en sorte que vos besoins à tous les deux soient satisfaits ? Une première réponse est : vous n’arriverez pas à faire bouger grand-chose toute seule. Cela ne fonctionne pas et l’on peut se demander si c’est franchement souhaitable.

En revanche, tant que vous souhaitez continuer la relation, vous pouvez travailler à collaborer tous les deux à devenir de bons connaisseurs de vos tendances respectives :

  • comprendre que ce qui s’active dans le couple n’est pas personnel (c’est lié à vos histoires respectives)
  • identifier ensemble les situations qui créent du stress dans votre relation
  • anticiper et parler en amont de ce qui vous inquiète mutuellement et chercher ensemble des solutions
  • exprimer ce qui vous fait souffrir en décrivant la situation et en disant JE
  • proscrire les accusations “TU es un problème tu me fais mal, TU ne te rends pas compte…°
  • mettre en place des rituels donnant de la prévisibilité aux moments où vous allez être ensemble, même si c’est par téléphone

J’espère que ces éléments vous aideront à vous orienter ; je partage d’autres éléments sur le blog, les ateliers et les vidéos.

*prénom modifié

2022 – laetitiabluteau.fr

Attachement

Famille, couple, parentalité : des ateliers centrés sur les relations

La théorie de l’attachement s’impose comme une une grille de lecture permettant de comprendre les différents styles relationnels des êtres humains. Elle met en évidence l’état d’esprit par lequel nous envisageons les relations ainsi que les facteurs de stress auxquels nous sommes sensibles. Ces facteurs de stress gravitent autour de deux pôles fondamentaux que sont :

  • la recherche de proximité
  • le besoin de mise à distance

Bien sûr, ils ne catégorisent absolument pas qui nous sommes ni ne doivent servir d’étiquettes servant à manipuler les autres, mais ils donnent à voir un mode de protection qui a été très utile au début de la vie. Souvent, il continue de s’exprimer sur le même mode, même quand la vie est différente aujourd’hui – et que fondamentalement, les stratégies d’adaptation d’autrefois ne sont plus forcément nécessaires.

Des ateliers en ligne interactifs

Les ateliers que je vous propose sont des espaces d’apprentissage centrés sur différentes thématiques. Dans une ambiance à la fois studieuse et chaleureuse, où la parole de chacun.e est la bienvenue, nous suivons une trame tout en laissant la place à vos questions.

man and woman near grass field

L’attachement dans la relation de couple

Tous les ateliers (psy ou ouverts à tous) : voir la page

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Laetitia Bluteau 2025 | laetitiabluteau.fr