Déconnexion, isolement, passivité : le rôle du Système Nerveux Autonome

Image par rihaij

Le Système Nerveux Autonome, gardien de notre survie

Le système nerveux autonome (SNA) est une composante du système nerveux périphérique qui régule les processus physiologiques involontaires et automatiques, tels que la respiration, les battements du cœur, la digestion, l’excitation sexuelle…

Une partie du rôle du SNA est d’assurer notre survie : en cas de danger, il peut activer trois types de réponses : la fuite, l’attaque, ou le figement.


Beaucoup de choses déjà disponibles à ce sujet sur le blog,
si ces notions sont nouvelles pour vous, je vous suggère par exemple de lire ceci :
Le Trauma est dans le système nerveux, pas dans l’événement


Le figement, une réponse de survie

Avant de parler de la fatigue, de la déconnexion ou de la passivité, qui peuvent être présentes chez les humains du monde moderne industrialisé, nous allons faire un tour du côté des mammifères du monde sauvage. Le trio Attaque/Fuite/Figement (Fight, Flight, Freeze) est un ensemble fonctionnel de stratégie biologiques de survie que nous partageons avec nos amis à poils.

Fuir ou se défendre sont des réactions protectrices qui mobilisent une énergie considérable : c’est ici la branche Sympathique du Système Nerveux Autonome qui est activée. C’est celle qui permet de passer à l’action, de se lever, d’agir, d’être dans le mouvement.

A l’inverse, lorsque la proie ne peut pas se dégager, elle tombe alors dans un état physiologique qui passe en économie d’énergie, c’est comme une préparation à la mort. Le corps est dans une sorte de mise en veille, la respiration est faible et en surface, le battement de cœur ralentit, le sang se dirige vers les organes vitaux car la priorité est donnée à l’autoconservation par l’immobilité. C’est le figement, piloté par le système nerveux parasympathique dorsal.

L’issue pour la proie ? Soit elle se fait dévorer et le figement aura aidé à anesthésier sa douleur, soit elle saisira une opportunité pour s’enfuir à la moindre inattention du prédateur, en mobilisant de nouveau l’énergie vitale du système Sympathique. Elle pourrait aussi être secouée de tremblements qui permettent de décharger toute l’énergie stockée dans le corps. Et elle retournera à sa vie normale, sans plus de difficulté !

Pour nous, humains, c’est bien plus complexe

Bien que nous partagions ces réponses de survie avec les mammifères non-humains, nous ne sortons pas indemne des situations difficiles que nous rencontrons. Nous en gardons des traces plus ou moins impactantes dans la vie quotidienne.

Dans notre monde moderne, les stresseurs sont multiples et sont en partie liés à nos modes de vie. Ils s’accumulent sans que nous sachions contacter notre capacité naturelle à nettoyer les expériences stressantes, voire effrayantes de la vie.

Bien souvent, malheureusement, ces expériences remontent à bien loin dans l’enfance et même déjà dans la période intra-utérine. Le stress et parfois même la peur, face auxquels on est totalement impuissant en tant qu’enfant, activent les réponses actives de Fuite/Attaque mais lorsque cela ne “marche” pas – et c’est souvent le cas – ça ne marche pas au sens où l’enfant continue de ressentir un stress sans solution : s’installe alors progressivement dans son système un figement. Physiologiquement, c’est le même mécanisme que celui qui s’active chez la proie coincée entre les crocs d’un prédateur. Celui-ci se traduit chez les humains par une forme d’anesthésie ou de blocage de certaines zones du fonctionnement de l’individu : de la déconnexion, de l’isolement, de la passivité, le sentiment d’autosabotage, parfois une absence d’émotions, la négligence de ses propres besoins, la difficulté à se défendre face à l’injustice et dans bien d’autres situations où il aurait fallu agir, exister, s’exprimer, mais où l’on s’est recroquevillé sur soi.

Le Nerf Vague, un allié important

Bien que nous ayons perdu l’aptitude de laisser notre organisme traiter et nettoyer naturellement les effets du stress, les processus sont bien présents en chacun de nous. Le nerf vague – ou “errant”, “promeneur” en latin – fait partie des alliés importants à connaître pour aider le système à revenir à une meilleure régulation.

Le nerf vague est la branche du Système Parasympathique Ventral du Système Nerveux Autonome. C’est un nerf qui part de la base du cerveau et passe par le cou, dans la poitrine, l’estomac, dans la direction des intestins. Il est souvent comparé à une autoroute par laquelle de très nombreux nerfs se connectent aux organes, délivrant des messages vitaux et retournant des informations au cerveau.

Nerf Vague

Le rôle de ce nerf est immense : régulation de la respiration, contrôle de la digestion et de la satiété, goût, ouïe, vocalisation, relaxation, circulation sanguine… son action est très vaste. Il est également essentiel à la régulation émotionnelle et à l’engagement social.

Lorsqu’il est suffisamment tonique, la régulation des fonctions vitales et relationnelles mentionnées ci-dessus est optimale.

L’activation du nerf vague permet de garder le système immunitaire “sous contrôle” et de libérer un cocktail d’hormones telles que l’ocytocine et l’acétylcholine respectivement impliquées dans le bien-être et les apprentissages. Cela donne lieu à une réduction de l’inflammation, une amélioration de la mémoire, de la relaxation et des émotions. La stimulation du nerf vague permet également de réduire les réactions allergiques et les maux de tête. Lorsqu’il est dominant, on est dans le système d’engagement social.

Le nerf vague passe par le ventre, le diaphragme, les poumons, la gorge, l’oreille interne, les muscles faciaux ; par conséquent, toutes les actions concentrées sur ces zones vont avoir une influence sur lui, dans une boucle.

Nous pouvons le stimuler indirectement, par l’intermédiaire de pratiques diverses :

  • des exercices de respiration, veiller à avoir des expirations plus longues que l’inspiration.
  • la pratique d’un instrument de musique à vent
  • l’exposition au froid (plonger le visage dans une bassine d’eau glacée ou prendre une douche froide)
  • chanter, fredonner
  • faire des gargarismes
  • les contacts physiques, les massages
  • les relations sociales, le fait de rire
  • écouter de la musique : du classique, des voix chantées féminines, des chansons type Disney, des ensembles vocaux
  • participer à une chorale
  • jouer avec des enfants
  • jouer avec des animaux
  • danser
  • faire du yoga, du Tai Chi et toute pratique basée sur le souffle
  • nommer son émotion ou sa sensation à voix haute

Bien sûr, si le figement est très prononcé, ces pratiques seront de précieux compléments à un travail en thérapie, de type ICV par exemple, mais ne suffiront pas à retrouver la régulation souhaitée. Et pour sentir un effet, il est indispensable d’avoir de la régularité dans ces pratiques, c’est par la répétition que l’on désapprend les vieux schémas, pour mieux apprendre comment emprunter de nouveaux chemins.


Ces notions sont approfondies et accompagnées d’exercices de régulation du système nerveux autonome, dans ce programme centré sur la Théorie Polyvagale et le SSP

Le SSP en collectif : Un programme qui allie la pratique du Safe and Sound Protocol, des vidéos sur la Théorie Polyvagale, la régulation du Système Nerveux Autonome, et des exercices pratiques. Les détails à cette page.

Laetitia Bluteau | laetitiabluteau.fr