Stress, Anxiété : comment aider les enfants à s’apaiser

C’est dans son corps que l’on devrait se sentir le plus en sécurité.
Lorsque je me sens en sécurité mon corps est doux,
ma respiration est tranquille. Mes yeux et mes mâchoires
se relaxent. Le rythme dans mon corps ralentit.

Comprendre l’anxiété :

Sur des plans émotionnels et physiologiques, l’enfant qui ressent de l’anxiété est un enfant qui ne se sent pas en sécurité.

  • L’origine émotionnelle : Les déménagements, les deuils, l’entrée à l’école ou les séparations sont autant d’épreuves pour les enfants et sont vécues comme de véritables ruptures d’attachement. Il est donc primordial de passer du temps à parler avec votre enfant, lui proposer de dessiner ce qui l’empêche de dormir, jouer une scène effrayante avec des marionnettes : tisser du lien et du sens sans jugement et avec bienveillance.
  • Une “impression de danger” : La peur est une réaction normale et adaptative : elle sert à nous préparer à réagir à un danger (comme par exemple si on se retrouve face à un animal sauvage) ou pour réussir une épreuve (un examen, une performance). La peur active une réaction de “fight-or-flight” (attaque/fuite) afin de préparer le corps à se défendre. Cela se traduit par de nombreuses manifestations physiologiques qui contribuent toutes à la maximisation des chances de survie – c’est pourquoi, en situation de stress intense, une mère est capable de soulever une voiture sous laquelle son enfant est emprisonné ! L’attaque ou la fuite permettent toutes les deux de se décharger de cette quantité phénoménale d’énergie produite par le système nerveux.

Il arrive que cet état d’alerte soit lié à des situations antérieures marquées par le stress, comme par exemple des complications lors de la grossesse ou de l’accouchement, une séparation prolongée de la mère lors des premiers mois de vie, une exposition à des soins médicaux invasifs à un jeune âge, un accident, ou encore une dynamique relationnelle dans laquelle il y a de la peur. Dan Siegel illustre ce dernier type de dynamique comme suit :

Si je suis un petit enfant qui a faim, je vais exprimer ce qui se passe dans mon corps certainement en pleurant, en criant ma faim… Et si ma mère a une histoire dans laquelle il y a eu beaucoup d’anxiété, elle va voir que j’ai faim, mais ses doutes sur sa capacité à être mère sont telles qu’elle est prise de confusion : elle vient vers moi en voyant que j’ai vraiment faim, elle veut me nourrir mais en même temps elle a peur de ne pas réussir à répondre à mes besoins, elle doute et devient anxieuse. Et moi qui avait juste faim, maintenant je me sens anxieux, car mes neurones miroirs – qu’on devrait vraiment appeler les « neurones éponges » – font que j’absorbe littéralement l’état interne de ma mère. En réalité je n’ai aucune raison d’être anxieux, j’ai juste faim, mais puisque ma mère a une histoire non résolue dans laquelle il y a beaucoup d’anxiété, je l’absorbe et cela s’intègre à mon identité ; tout devient alors très confus et maintenant, ma faim se lie neurologiquement à l’anxiété et aux doutes.

Dan Siegel, Psychalive, On Ambivalent attachment

Dans ces situations, l’anxiété est intimement liée à la relation d’attachement et une thérapie serait probablement d’une grande aide.

Comment expliquer les réactions d’attaque, fuite, figement à un enfant :

Imagine que tu te promènes dans les bois et que tu rencontres un ours. Quelle est la première chose que tu ferais ? Tu pourrais t’enfuir le plus loin possible, ou tu pourrais te figer. Une autre possibilité serait de te mettre à hurler et d’avoir l’air effrayant. Ce sont les trois façons de répondre au danger : l’attaque, la fuite ou le figement. Lorsqu’on est anxieux, on réagit de ces trois façons également. On peut fuir les situations stressantes, on peut se figer et ne plus penser clairement et on peut devenir agressif… Est-ce que tu peux penser à des façons de fuir, te figer ou attaquer dans des situations stressantes ?

Dans nos sociétés modernes, les décharges de l’attaque ou de la fuite sont rarement possibles et cette énergie reste emprisonnée dans le système nerveux, c’est le figement. C’est ce qui se passe également lorsque la situation n’est pas vraiment dangereuse mais qu’elle semble l’être. Dans ce cas, l’anxiété apparaît : c’est une peur qui est enclenchée sans danger réel et dont l’énergie n’a pas été libérée. D’autres fois, le “danger” est réel et prend la forme d’un examen, d’un événement qui génère du stress. Dans ces situations les techniques qui suivent peut être très utiles, surtout si elles sont pratiquées régulièrement.

Utiliser des techniques appropriées

1. La respiration :

Des exercices de respiration bien utilisés aident à réguler le système nerveux et notamment à activer le système nerveux parasympathique. En voici quelques uns :

  • Imagine qu’on va gonfler ensemble un ballon géant. On va prendre une énorme inspiration et souffler jusqu’à 5 en comptant avec les doigts
  • Après quelques respirations, imagine que l’air que tu inspires rentre par une narine et que tu l’expires par l’autre narine. De gauche à droite puis de droite à gauche
  • Prends une grande inspiration et quand tu expires, imagines que tu souffles tous tes soucis à l’extérieur, très très loin
  • on inspire 4 secondes, on retient sa respiration 7 secondes et on expire par la bouche pendant 8 secondes
  • En cas de crise d’angoisse, éviter les exercices de respiration profonde et employer plutôt des techniques qui remettent en marche la réflexion et la concentration :
    – “Ça te dirait de jouer un à jeu ? Essaie de trouver 5 objets rouges ; Cites-moi trois choses que tu entends en ce moment ; Combien font 3+1”

2. La visualisation – fermer les yeux et :

A. Tout d’abord, penser à la situation stressante, écrire sur un papier comment le corps réagit (gorge serrée, mal au ventre, mains moites, etc.) puis :

B. Imaginer un endroit où vous avez passé des moments heureux ensemble, se souvenir des détails agréables, de la joie, de la détente ressentis ou se souvenir d’une situation ou votre enfant a été en pleine maîtrise/succès (escalade, contrôle difficile, concert, performance de danse…). Prendre conscience de la façon dont ces sensations agréables se traduisent dans le corps : le ventre se relâche, la respiration est plus profonde, le rythme cardiaque ralentit… Ressentir à nouveau la joie, la fierté. Aider l’enfant à se connecter à toutes les sensations associées à ce souvenir : les odeurs, les bruits, le soleil ou la pluie sur la peau…

C. Pour finir, repenser à la situation stressante, écrire à nouveau comment ça se traduit dans le corps puis voir ce qui a changé : le mal de ventre est-il aussi fort ou a-t-il diminué, la gorge est-elle toujours aussi nouée ?

Continuer les va-et-viens entre le stress et la détente plusieurs fois, jusqu’à ce que le corps soit apaisé. Ensuite, si besoin, travailler avec l’enfant à une recherche de solution.

5. L’observation des manifestations physiologies de l’anxiété

Il est recommandé de s’intéresser de près aux manifestations physiologiques de l’anxiété en développant un vocabulaire permettant de les décrire aussi précisément que possible. Pour développer ce vocabulaire, il est utile de jouer à des jeux sensoriels. Par exemple, un adulte prépare en amont un sac dans lequel sera placée une collection d’objets très différents les uns des autres. L’enfant en attrape un au hasard et tente de deviner ce que c’est – les yeux bandés – en donnant le maximum de détails sur sa température, son poids, sa forme, sa texture, sa rugosité, etc. Une fois les yeux ouverts, d’autres détails pourront s’ajouter à la première description : sa transparence ou son opacité, sa couleur, sa brillance… Lors d’un moment d’anxiété, ce vocabulaire pourra être utilisé pour décrire les sensations physiologiques : “Où ressens-tu quelque chose dans ton corps ? Cette boule dans ta gorge, quelle est sa taille ? Sa densité ? Elle est lisse ?”. Plus l’enfant est au contact de ces sensations, plus elle se dissiperont. Il faut que cette exploration soit supportable pour l’enfant, sinon, recourir à des techniques d’ancrage (ci-dessus).

Votre attitude est d’une importance capitale

Avant de proposer ces stratégies ci-dessus, vous pouvez dire à votre enfant quelque chose comme « Je vois que tu as peur, je sais exactement ce qu’il faut faire pour que tu reviennes au calme » : il est important que votre enfant ressente chez ses parents la capacité à protéger et contenir. De même, les câlins, les caresses, la présence physique seront une base de sécurité sur laquelle l’enfant pourra s’appuyer, puiser de la force et de la confiance.

Et à l’inverse, les moqueries, les inquiétudes tournées en ridicule ou minimisées sont à éviter absolument et ne feraient que renforcer le problème. Aussi peu logiques et réalistes soient les inquiétudes de votre enfant, elles reflètent quelque chose de sa vie intérieure et il est important de les prendre comme telles.

Voir également la page Enfants


Laetitia Bluteau | laetitiabluteau.fr