Sabrina
Je viens de rompre avec un monsieur avec qui on a passé 2 ans à faire des allers et retours et c’était toujours lui qui partait.
Le problème c’est qu’il me reproche de n’être pas centrée sur lui, que je ne sois pas assez affectueuse que je ne lui accorde pas beaucoup de temps et qu’il a besoin d’être nourri. Et moi je me sens ambivalente et donc je n’arrive pas à donner autant que je peux. Il se sent rejeté et il s’en va et ensuite c’est une grande souffrance pour moi d’être abandonnée.
Donc mes questions : D’où me vient cette insatisfaction sachant que je tiens à lui ? Et aussi : Qui est l’anxieux et qui est l’évitant ?
Et comment guérir?
Qui de nous deux ?
Merci Sabrina* pour ces questions, en particulier celle portant sur « Qui est l’anxieux et qui est l’évitant ? »
J’ai choisi d’illustrer ce thème avec l’image d’une goutte qui se reflète dans son eau : car ce que je voudrais pointer au travers de cette question, c’est qu’un style d’attachement c’est un état plus qu’une catégorie fixe. Que l’on n’EST pas l’anxieux ou l’évitant, mais que l’on RESSENT de l’anxiété ou une nécessité de mise à distance. Ce sont des réponses – des stratégies relationnelles – qui sont défensives au sens où elles sont consécutives à un stress.
Parfois on est très polarisé d’un côté et on se balade de relation en relation en ayant le même type de « réponse », on est donc davantage identifié à un style d’attachement spécifique. D’autres fois cette « réponse » varie en fonction du style de partenaire avec lequel on tisse le lien et l’on va se sentir tantôt évitant tantôt anxieux :
- en fonction de la relation
- ou au sein d’une même relation.
Pour comprendre ces variations, pensez d’abord aux relations dans lesquelles vous vous sentez bien : vous êtes alors au meilleur de vous-même. Vous vous sentez calme, vous pouvez réfléchir avec fluidité, l’humour est accessible et vous avez accès à la curiosité et à la collaboration.
Mais… la relation de couple peut éloigner de cette sécurité
Si on a une vulnérabilité nous faisant souvent douter de l’autre ou bien que l’on se sent facilement envahi, il y a de fortes chances que cet état de sécurité que je viens de décrire se manifeste plutôt dans des relations que j’appelle « périphériques » : des amitiés, des relations de voisinage ou de travail qui n’engagent pas de sentiment de responsabilité quant au fait de se satisfaire mutuellement sur le plan émotionnel.
Car oui, si le couple peut se rêver comme un havre de paix idéal, dans la réalité il a plutôt tendance à avoir un effet de loupe, qui va augmenter les insécurités relationnelles.

Donc à la question « Qui est l’un, Qui est l’autre », la réponse se situe plutôt dans les états dans lesquels vous vous sentez être à tour de rôle : vous ressentez tous les deux la même chose, mais dans un mouvement de bascule. Vous vous souvenez de ces jeux au parc ?
Un tango sans se toucher
Et au final, ce qui peut être commun à toutes les relations vécues, c’est la difficulté d’avoir accès à de la proximité, à de l’intimité émotionnelle, de pouvoir se sentir vulnérable l’un avec l’autre. La relation devient comme un tango qui se danserait à distance, sans se toucher.
Bien sûr à la longue c’est insatisfaisant, même lorsqu’il y a des sentiments ! Puisqu’à force de répéter des situations où chacun met ses besoins au premier plan, les comportements ont souvent tendance à devenir de plus en plus défensifs et donc à installer de la frustration, de la rancœur et de la distance.
Comment guérir ?
La bonne nouvelle en effet c’est que cela se travaille : le système d’attachement a beau être stable dans le temps si l’on n’y fait rien, il est en revanche tout à fait souple aux réorganisations. Face à des oscillations importantes, il est utile de travailler avec un thérapeute qui comprendra le fonctionnement sous-jacent de ces mouvements de « recherche de proximité / mise à distance ».
Ce que je vous recommande également c’est de travailler à la surface, dans votre vie quotidienne, pour mieux vous connaître :
- vous auto-observer dans vos relations périphériques : qu’est-ce qui vous amène plutôt sur l’un des deux pôles ? Quels types de commentaire, style de relations, situations vous dévient du sentiment de sécurité ?
- noter à quels types de stress êtes-vous sensible dans vos relations proches ?
- vous habituer à nommer ce dont vous avez besoin, ce qui vous sécurise, vous apaise
- réfléchir à ce qui vous amène à cette ambivalence : s’il y a une part de vous qui résiste à donner plus, de quoi cherche-t-elle à vous protéger ?
- développer de la compassion pour vous même en comprenant que ces stratégies relationnelles, même si elles vous paraissent parfois incompréhensibles, reflètent une part de votre histoire : elles ont été utiles à une époque de votre vie.
Vous trouverez d’autres idées à cette page.
Bonne continuation à vous !
*prénom modifié
Laetitia Bluteau 2024 | laetitiabluteau.fr
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Il ne s’agit bien évidemment pas de thérapie, mais plutôt d’un espace où je me propose de préciser des concepts ou de vous aider à orienter votre réflexion.
Au plaisir de vous lire !



